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Description
Informations
Publié par | Les Éditions du Net |
Date de parution | 30 novembre 2012 |
Nombre de lectures | 2 |
EAN13 | 9782312005881 |
Langue | Français |
Extrait
La souffrance au travail dans la gendarmerie nationale
Joël Allou
La souffrance au travail dans la gendarmerie nationale
Les risques psychosociaux dans la gendarmerie nationale
LES ÉDITIONS DU NET 70, quai de Dion Bouton 92800 Puteaux
Il est difficile au milieu du brouhaha
de notre « civilisation »
qui a le vide et le silence en horreur
d’entendre la petite phrase qui, à elle seule,
peut faire basculer une vie :
« où cours-tu ? ».
(Christiane Singer)
© Les Éditions du Net, 2012 ISBN : 978-2-312-00588-1
Un grand merci à Bénédicte Uyttenhove, psychologue,
directrice de l’école de psychologie clinique (E.P.C) d’Aix en Provence
pour son soutien,
sa patience,
et son aide,
à ma sœur pour ses conseils avisés,
ma nièce Mylène pour les illustrations
à tous mes camarades gendarmes pour leurs témoignages,
à ceux auprès desquels je me suis enrichi au fil des rencontres
et qui se reconnaitront,
à ma famille,
en particulier
mon épouse et mes enfants pour leur soutien indéfectible.
Préface
La souffrance au travail dans le milieu de la gendarmerie nationale et, par extension, au sein des forces de polices, qu’elles soient nationales ou municipales, constitue une « nouveauté » dans le sens où la très grande majorité des citoyens n’entrevoient pas cette problématique.
Pour la plupart, le gendarme est un être froid et distant, formé aux techniques d’interpellations et d’auditions et dont la dimension répressive laisse largement la place à la prévention, au secours ou à la protection des personnes en détresse.
Toutefois, cette « force humaine » au service de nos concitoyens, dont l’origine remonte aux confins du moyen âge, n’a cessé de faire corps avec la nation française, en partageant les grandeurs et les servitudes de son peuple et en s’engageant pleinement vers la paix publique.
Constituée aujourd’hui de près de cent mille personnes, la Gendarmerie Nationale occupe une place privilégiée dans le tissus sécuritaire et les événements médiatiques récents doivent nous inviter à réfléchir sur la personnalité de ces soldats qui oeuvrent au service de la Nation.
L’ouvrage de JOËL ALLOU nous plonge dans les méandres psychologiques de ces hommes et femmes qui oeuvrent au quotidien, pour une meilleure sécurité publique et pour que nous puissions continuer à vivre en toute tranquillité.
Destiné à faire prendre conscience des problématiques psychologiques qui existent au sein de l’institution gendarmique, l’auteur nous fait part de son expérience d’homme de terrain ayant gravi tous les échelons hiérarchiques, depuis le début de sa carrière comme jeune gendarme « mobile » jusqu’au statut d’officier. Cette plongée, en interne, par un gendarme qui parle de la gendarmerie, qui d’autre aurait pu le faire avec autant de conviction, de ferveur et de force ?
Alors une question demeure :
Qui sont ces hommes et ces femmes de loi, qui souvent, se sont engagés par honneur et fidélité en recherchant le dépassement de soi, l’abnégation voire l’esprit de sacrifice pour un idéal : celui de la sécurité et de la tranquillité publique ?
Qui se cachent derrière ces quelques cent mille personnes qui subissent, dans leurs quotidiens, la violence, l’insatisfaction, le stress des opérations diverses et variées, depuis le « simple contrôle routier » jusque l’interpellation d’individus retranchés en passant par le secours aux personnes ?
Comment réagissent-ils face aux frustrations liées à un métier exigeant et dont, quelques fois, souvent peut être, la reconnaissance de leurs pairs et par extension, de la Nation, n’est pas au rendez-vous ?
JOËL ALLOU nous invite à réfléchir sur la dimension stressante d’un métier hors du commun et de ses conséquences psychopathologiques.
Comment une personnalité névrotico-normale devra-t-elle gérer le fait d’auditionner le matin une femme victime de viol, puis, le midi, d’intervenir sur un accident mortel de la circulation routière et enfin, le soir, de partir en patrouille entre 22 heures et 02 heures au cours de laquelle elle risquera de faire, hypothétiquement, usage de son arme, c’est à dire d’ôter la vie à quelqu’un ?
J’ai, à l’occasion de mes multiples réunions dans le cadre des formations dispensées par l’Association de Langue Française pour l’Étude du Stress et du Trauma, pu discuter avec un général de Gendarmerie qui m’indiqua que le stress n’existait pas au sein de l’institution gendarmique…
Je n’ai osée abordée la problématique du suicide…
À la lecture de l’ouvrage de JOËL ALLOU, nous pouvons avoir une autre vision du gendarme sur le terrain.
En reprenant les travaux du père du Stress, Hans Selyé, qui nous indique que « le stress c’est la vie », force est de constater que nos gendarmes sont soumis, dans leurs quotidiens, aux pressions internes et externes de performances et de réussite et que le stress est particulièrement présent dans leurs missions quotidiennes.
Cependant, la force de l’auteur est de nous démontrer que le stress n’est qu’une partie visible d’un iceberg dont les souffrances psychiques sont plus présentes mais peu verbalisées. La vérité est que le gendarme ne s’épanche pas, car conditionné tout au long de sa formation mais également au sein de ses différentes unités par le fait que le militaire ne se plaint pas.
Cette façon de procéder, comme autant de mécanismes de défenses mis en place pour se protéger, laisse la place, au décours d’accidents de la vie comme des divorces, des séparations, des décès mais également des mutations imposées, des sanctions disciplinaires, des remontrances de la hiérarchie à des passages à l’acte auto-agressifs dont le suicide constitue l’ultime solution.
La force de l’ouvrage de JOËL ALLOU est de nous démontrer que l’accentuation de stress quotidiens laisse souvent la place à des traumatismes psychiques avec, comme corolaire, l’usage de toxiques divers comme l’alcoolo-dépendance, voire la pharmaco-dépendance.
La réalité d’un métier hors du commun laisse donc la place à des problématiques psychopathologiques hors du commun.
Car la confrontation avec le réel de la mort, comme nous le dit FRANÇOIS LEBIGOT, ne laisse personne indemne. Les « débriefings » sont souvent réalisés, en interne, avec quelques fois le sentiment que le gendarme en a été quitte pour la peur alors que le trauma fera effraction dans sa structure psychique.
Ainsi, même si l’événement potentiellement traumatique n’impliquera pas, de facto, trauma pour une personne et le gendarme n’en est pas exempté, JOEL ALLOU nous montre que la répétition des événements laisse souvent la place à des problématiques péri-traumatiques, comme le repli sur soi, la dépression, les arrêts de travail, les accès de colère qui peuvent conduire le gendarme traumatisé vers des sanctions disciplinaires, statutaires voire pénales ou civiles.
Le corps médical aujourd’hui est très sensibilisé à ces états de faits et des psychologues ont été recruté par la Direction Générale de la Gendarmerie Nationale pour faire face à ses problématiques. Cependant ce nombre reste, malheureusement, insuffisant.
JOËL ALLOU propose donc la mise en place, à l’instar de ce qui peut exister en Suisse, au Canada ou aux États-Unis, de structures de débriefeurs spécialisés, gendarmes d’actives ou réservistes, placés sous l’autorité de psychologues cliniciens ou psychiatres et formés aux problématiques du stress et du trauma avec des connaissances évidentes en psychopathologie et dynamique de groupe.
Un pompier américain, J. MITCHELL, a dès 1983 proposé une technique de débriefing adapté aux pompiers opérationnels quand leur propre vie a été mise en jeu et qu’ils ont échappé de peu à la mort ou quand ils ont été soumis à des stress psychologiques intenses du fait de circonstances particulières d’intervention.
Cela existe ailleurs et la France doit pouvoir se doter d’un volume de personnes spécialisées pour pouvoir protéger ceux qui nous protègent.
En résumé, l’ouvrage que nous propose JOËL ALLOU nous plonge de l’autre côté du miroir. Cette vision réaliste et pragmatique du métier de gendarme ne doit pas laisser la place à la crainte d’embrasser un métier noble et dont la Nation a besoin. Cependant c’est