Dzeu-Roum
93 pages
Français

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Description


À La Ferté-sous-Jouarre, Madame Latour-Fantin est retrouvée morte à son domicile par son époux qui revient tout juste de Meaux, où il est allé voir sa maîtresse.


Dzeu-Roum, un policier japonais de renommée mondiale qui enquête dans la région sur une série de crimes, est chargé de l’enquête.


Le mari ayant un alibi, les soupçons se portent vite sur un mendiant un peu simplet qui a été vu alors qu’il pénétrait dans la maison à l’heure du crime.


Quand ledit mendiant est surpris en train d’essayer de vendre un Napoléon d’or appartenant à la victime, le doute ne semble plus permis quant à sa culpabilité.


Fort de ses convictions, Dzeu-Roum va tout mettre en œuvre pour démontrer l’innocence du demeuré.


Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 5
EAN13 9782373470918
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

couve

DZEU-ROUM

Roman policier

 

par Georges SPITZMULLER

AU PETIT JOUR…

 

M. Latour-Fantin sortit de sa villa et referma la grille derrière lui.

Il était sept heures du matin.

À cette heure et en pareille saison – décembre –, les rues de La Ferté-sous-Jouarre étaient encore à peu près désertes.

Personne... à part les laitiers servant leur clientèle, et les marchands de journaux.

Quelques petits cafés allumaient leurs vitrines, car il faisait presque nuit. Mais les amateurs de vin blanc ou de noir breuvage n'arrivaient pas encore...

Le temps était froid et humide.

Brume et vent...

M. Latour-Fantin se dirigeait vers la gare.

Là, il prit un aller et retour pour Meaux.

Plusieurs personnes se trouvaient au guichet des billets.

— Bonjour, monsieur Latour-Fantin, lui dit un homme bien mis, comme lui, l'allure d'un propriétaire aisé.

— Bonjour, monsieur Morestelle.

Poignée de mains.

— Vous partez ?

— Oui.

— Loin ?

— Non : à Meaux. Et vous ?

— À Trilport.

— Nous ferons route ensemble jusque-là.

— Volontiers... Comment va Mme Latour-Fantin ?

— Aussi bien que possible. Merci... Et chez vous ?

— Très bien.

Tandis que ces banalités s'échangeaient, le train venant de Château-Thierry avait été annoncé.

Les voyageurs passèrent sur le quai.

— Brr ! il fait froid ! dit M. Latour-Fantin en relevant le col de son manteau, – une superbe pelisse fourrée en peau de loutre qui donnait tout de suite une idée de l'aisance de son possesseur.

— Avec ça, vous ne devez pas sentir les courants d'air, fit Morestelle.

— Mieux vaudrait avoir vingt ans de moins... et le sang plus chaud.

M. Latour-Fantin se vieillissait un peu, car il n'avait guère dépassé la quarantaine.

C'était un bel homme, de solide carrure et d'agréable prestance, au visage franc et ouvert.

Il devait être très connu – et avantageusement – dans le pays, à en juger aux salutations respectueuses de tous sur ce quai de gare où, pourtant, la température glaciale eût incité chacun à laisser sa main dans sa poche plutôt qu'à lever son chapeau.

— Voici le train ! dit Morestelle.

Tous deux montèrent, en seconde classe, dans un compartiment où ils eurent la chance de se trouver seuls.

— Quoi de nouveau dans le pays ? demanda M. Latour-Fantin en se carrant dans son coin.

— Toujours la même chose.

— Quelle chose, Morestelle ?

— Vous le savez bien...

— Ah ! les assassinats de Saint-Cyr-sur-Morin et de Sablonnières ?

— Eh ! oui, on ne parle que de ça.

— Il est de fait qu'on n'est plus en sécurité ! déclara Latour-Fantin.

— Il y aurait une bande, paraît-il.

— Ah ?

— Quelque chose dans le genre de la fameuse bande à Bonnot.

— C'est gai !

— Aussi la brigade mobile est en mouvement.

— Où loge-t-elle ?

— Personne ne le sait.

— Elle circule ?

— C'est ça.

— Il est évident qu'en allant de village en village, et avec les déguisements qu'emploient ces messieurs, elle a plus de chance de passer inaperçue.

— Sans doute ! approuva Morestelle.

Et il ajouta :

— Il paraît que cette brigade compte un policier de première force. On dit que c'est un Japonais.

— Comment savez-vous cela, Morestelle ?

— Vous oubliez que j'ai un neveu dans la partie.

— Un neveu ?

— Oui, Jacques, qui a fini son service militaire l'an dernier à Chartres.

— C'est vrai.

— Il a lu tellement de romans policiers que cela a déterminé sa vocation.

— Bizarre !

— Il rêve de marcher sur les traces de Sherlock Holmes, de Nick Carter ou de Tip Walter...

— Les prototypes du genre !

— Voilà son ambition.

— Tous les goûts sont dans la nature.

— En attendant, il a pris pour modèle le Japonais en question, et il va même s'affubler d'un nom nippon, ou tout au moins suffisamment exotique, pour être tout à fait dans le mouvement.

Tout ce que disait là M. Morestelle était en somme passablement banal et ne sortait guère des limites des faits divers courants, comme on lit chaque matin ou chaque soir dans les journaux.

Mais il semblait que ce fût pour M. Latour-Fantin le plus attachant des récits.

Il suivait avec un intérêt constant la parole de son compagnon de voyage.

Évidemment, M. Latour-Fantin portait de l'intérêt aux choses de police ; et il avait bien tort de railler le neveu de M. Morestelle.

Ce dernier reprenait :

— Jacques, que j'ai vu hier, m'a laissé entendre qu'il allait faire un stage, précisément ces jours-ci, avec la brigade mobile pour travailler sur les crimes de Sablonnières et de Saint-Cyr.

— Alors, vous serez renseigné...

— Le premier ! je m'en flatte...

M. Latour-Fantin ne répondit pas.

Il était songeur.

On approchait de Trilport.

Morestelle se prépara à descendre.

— Vous resterez longtemps à Meaux ? demanda-t-il à M. Latour-Fantin.

— Non. J'y vais pour quelques achats seulement. Je pense rentrer par le train de midi.

— Comme moi !

— Dans ce cas, nous nous retrouverons en gare de Trilport.

— Parfaitement.

Le train freinait.

Il stoppa.

— Au revoir !

— À tout à l'heure !

M. Morestelle descendit.

M. Latour-Fantin resta seul.

 

***

 

Le train repartit.

M. Latour-Fantin sembla alors se détendre.

Comme un homme qui se serait contraint jusque-là pour garder une attitude, il poussa un soupir de libération.

Puis, les yeux fixes, il devint pensif.

Il demeurait immobile, ses regards largement ouverts ne semblant pas voir le paysage d'hiver qui défilait le long de la voie ferrée.

Quelle idée tenace, dominatrice, souveraine, s'imposait donc à l'esprit de cet homme ?

Il en subit le despotisme jusqu'aux approches de Meaux.

Là, il parut sortir d'un rêve...

Il descendit du train, d'une allure dégagée et normale, pour se diriger vers le centre de la ville.

M. Latour-Fantin alla droit vers la cathédrale, et, après avoir remonté une rue étroite et tortueuse, vint s'arrêter devant la vitrine d'un magasin de papeterie.

Quelques instants il regarda les publications et cartes postales exposées en montre.

Puis, résolument, il entra.

LA JOLIE PAPETIÈRE

 

— Bonjour, Arthémise !

— Bonjour, monsieur...

Une très jolie fille, assise derrière le comptoir, s'était levée à l'entrée de M. Latour-Fantin.

Elle lui tendit la main avec empressement ; il la prit avec plaisir.

Tous deux souriaient.

Arthémise – comme avait familièrement dit l'arrivant – était toute jeune…

Vingt ans à peine...

Le bel âge !

Elle avait un teint d'une fraîcheur de rose, et des yeux merveilleux.

Son sourire laissait voir des dents éclatantes.

Quant à ses admirables cheveux blonds, ils s'harmonisaient on ne peut mieux avec le bleu du regard.

— Asseyez-vous, dit-elle d'une voix engageante en lui montrant une chaise.

Il obéit.

Alors, ils restèrent un instant sans parler.

Le magasin était petit, mais bien tenu ; et comme on dit : où il y a de l'ordre, il y a de la place.

Le fait est qu'ici tout était à sa place – minutieusement.

Outre la papeterie et les journaux, Arthémise Laurianne vendait de la parfumerie.

Son magasin fleurait le trèfle incarnat, l'ylang-ylang et la poudre à la maréchale.

C'était une bonbonnière exquise – en bleu majeur, comme les yeux de la patronne.

À l'entrée de Latour-Fantin, il y avait dans la boutique une petite apprentie.

Voilà pourquoi Arthémise Laurianne lui avait donné si cérémonieusement du « monsieur ».

Mais quand l'enfant fut sortie, éloignée par une course opportune, la familiarité reprit ses droits.

L'habitant de La Ferté-sous-Jouarre se pencha, par-dessus le comptoir, vers la jolie papetière et déposa un baiser sur ses joues veloutées comme une pêche.

— Finissez, Fortuné ! dit-elle sans employer le « monsieur », à présent.

— Pourquoi ?

— Finissez !

— Attendez au moins que je commence !

— On pourrait nous voir du dehors.

— Mais non, ma belle... Vous avez si ingénieusement disposé les journaux qu'ils forment un écran parfait, nous mettant à l'abri de toutes les indiscrétions de la rue...

— N'importe ! on peut entrer...

Et en effet, juste à cette minute, un client entra.

— Le Petit Parisien ?

— Voilà.

Le client sortit, après avoir laissé tomber sa pièce de bronze sur le comptoir.

— Vous voyez, dit Arthémise... Un...

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