Circatrices, c’est la poésie de ceux qui veulent mal l’entendre. À peu près et de loin. La déraison d’être, l’autre «autre», l’orgasme annihilateur du moindre souffle, le désir d’indifférence, le «je» régénérateur, le «moi» enclavé, le «vous» à fleur de peau cisaillée, tous immunisent, comme des leucocytes, contre la plaie de la distance, et contre la lésion laissée par l’espoir pendant la vie qui meurt en réaction acuponctuelle. Des récits d’amour et de mort ; une nécromanie, ainsipide, en quête d’une tendre fin. Le papier est tissu, au même titre que la peau. Le moindre mot l’ébrèche, le déchire, le stigmatise. Le papier coupe sous les ongles ; seul l’espace cicatrise. Je suis né avec le vertige. La chute vers l’inconnu. L’angoisse de vivre. L’asthme du trop-plein. Je suis né sans savoir comment faire ; c’est pourquoi « naître » est un verbe d’état. J’ai cessé de craindre la mort puisque je ne peux comprendre la naissance. La poésie ne doit pas exprimer les événements ; elle doit les créer et les circonscrire, sans limites. Entre «déjà» et «peut-être», entre «jamais» et «sans doute», entre «je» et «vous», il y a l’instant.
Informations légales : prix de location à la page 0,0400€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
P O É S I E
ÉR IC CH A R L EBOIS
CI RCAT R ICES
DU MÊME AUTEUR
Fauxfuyants, Ottawa,LeNordir,2002. Péristaltisme. Clystère poétique, Ottawa, Éditions David, 2004. Centrifuge. Extrait de narration. Poésie faite de concentré, Ottawa, Éditions David, 2005. Cinérite. Fertilité des cendres ou Tradition du mouvement, Ottawa, Éditions David, 2006.
ÉR IC CH A R L EBOIS CircaTRICES
Les Éditions David remercient le Conseil des Arts du Canada et le Secteur francoontarien du Conseil des arts de l’Ontario. En outre, nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Programme d’aide au développement de l’industrie de l’édition (PADIÉ) pour nos activités d’édition. Les Éditions David remercient également le Cabinet juridique Emond Harnden.
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives Canada
Tous droits réservés. Imprimé au Canada. er Dépôt légal (Québec et Ottawa), 1 trimestre 2008
Cicatrices. Circatrices. Cicatrisse vers à peu près toi, moi et nous. La larme de l’incendie : tu te panses ma montre pour ne pas que le temps soit feu.
Parangoniomaître Re—né Char,Le Nu perdu Nous ne sommes tués que par la vie.
Une aube, j’oublierai que tu n’es plus là. Les écluses s’embrasent ; il y a une digue d’ étoupe dans ma gorge. Plus je bois, plus je t’ai cru. Ad libéronsnous. Il faut espérer, ne pas prévoir. Il y a de la poudre de fossile stellaire dans chaque trace. On aurait toujours pu autre chose. Une culture n’estelle que passé ? Soimême créer, sans créer soimême.
Une cigarette sans mégot : mort provisoire ou vie en sursis ? Nous ne sommes que figues et dattes, desséchées, inspirées. Je diffère l’indifférence. Nous incarnons le carnier. Je m’exaspère dans l’exespérance. Le soleil est un feu jaune qui lézarde le ciel. Clin deuil. Clinceul. J’ai les plis du soleil au coin des yeux : pattes d’oies sauvages et sédentaires. Faux cils sur la pierre. Les stigmates de ton éclipse calcinent mon foie. Tu es érubescence sans corrosion. Il n’y a pas plus abrasif et antiémail que du dentifrice séché. Robert. Parce qu’à l’aube, le ciel a