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Introduction Quelle théorie pour la clinique de l’examen psychologique ?
Michèle Emmanuelli
Les textes de ce volume illustrent la manière dont le bilan psychologique, conduit avec le jeune enfant, constitue un outil d’investigation de l’or-ganisation de la pensée et des mouvements iden-tificatoires précoces. Comme le montre l’écho que trouve la présentation d’Augustin par Hélène Suarez-Labat dans les élaborations de Geneviève Haag sur les troubles autistiques, écho que l’on retrouve aussi entre l’exposé du cas de Violette et
Michèle Emmanuelli est psychologue clinicienne, psychanalyste, membre de laSPP, professeur de psychologie clinique et de psychopathologie, université Paris-Descar tes. Elle est présidente de l’association clinique des apprentissages (CLINAP).
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L’examen psychologique du jeune enfant
les réflexions menées par Monika Boekholt et Flo-rence Guignard, le bilan constitue aussi, lorsqu’il est mené dans une approche clinique attentive que je vais évoquer, un laboratoire de mise en évidence de certaines avancées théoriques. La clinique du bilan, par la diversité des situations qu’elle propose et la pluralité des aspects du fonctionnement psy-chique qu’elle met au jour subtilement, offre en effet à la théorie des illustrations éclairantes, et soutient des recherches portant sur des sujets cli-niques divers.
Le texte d’Albert Louppe, exposant avec beau-coup de pertinence le point de vue du psychana-lyste consultant sur l’intérêt et les limites de cette pratique au sein d’une consultation, per met de resituer fermement sa visée essentielle dans la cli-nique : celle d’un appor t complémentaire à la connaissance de l’enfant, mais aussi à la dyna -mique engagée dans la passation et poursuivie dans la consultation finale commune. En efet, les interventions proposées par le psychologue clini-cien au cours des rencontres avec l’enfant, puis l’évocation, au sein d’une consultation de restitu-tion qui réunit consultant, psychologue clinicien, enfant et famille, de données cliniques illustra -tives du fonctionnement psychique de l’enfant, permettent l’amorce, chez celui-ci puis dans la famille, de mouvements psychiques favorisant la mise en place de la prise en char ge.
En introduction à ces textes, je reprendrai ici quelques points concernant la conception du
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Introduction
bilan psychologique qui permet d’aboutir à de tels échanges.
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Quelle visée pour le bilan ? Quels que soient la situation et le motif évoqués en préalable à la consultation, nous rencontrons l’enfant au cours d’une démarche visant l’élucida-tion de son mode de fonctionnement par une approche qui utilise les données hétérogènes offertes par le bilan, et les rassemble pour les interpréter. Dans la perspective qui est la nôtre, cette interprétation s’appuie sur une conception holistique du sujet, dans laquelle la naissance de la pensée et ses troubles sont intrinsèquement liés à la construction psychique, prise dès l’origine dans les interactions avec l’objet. Il s’agit, dans la rencontre avec l’enfant, de se donner les moyens de répondre aux questions qui se posent, de déterminer s’il existe, du fait de la construction de sa personnalité ou du fait de sa situation familiale ou scolaire, une souffrance actuelle ou des difficultés prévisibles, puis de s’interroger sur les solutions à proposer. Celles-ci sont, selon le cas, thérapeutiques, pédagogiques, ou relèvent du conseil familial.
Quels moyens pour l’évaluation ?
À cet effet, le recours aux données d’un bilan comportant divers moyens d’approche est indis-pensable. Il convient, en effet, non seulement
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L’examen psychologique du jeune enfant
d’évaluer quantitativement le niveau intellectuel – l’efficience, ce que l’enfant est capable de resti-tuer ou d’effectuerau moment où nous le rencon-trons,et qui est susceptible de varier dans le temps au fil de l’aggravation pathologique ou du dégagement offert par une prise en charge – mais aussi d’appréhender la variété de ses r essources, de ses potentialités diverses, d’en saisir les limites et de comprendre le motif de celles-ci. Les don-nées recueillies nous permettent de situer ces limites dans un continuum allant du normal au pathologique. La démarche clinique, qui consiste non seulement à suivre l’enfant dans ses avancées et ses reculs, tout au long de la rencontre et au fil des épreuves, mais également à mettre en rapport toutes les données issues du bilan (entretien, observation, tests d’efficience, épreuves piagé-tiennes, épreuves scolaires, dessins, épreuves projectives) pour construire en après-coup un corpus de données dont la confrontation consti-tuera un ensemble cohérent et significatif, permet ainsi d’évaluernon pas une intelligence mais un enfant,dans le plus grand respect de ce dernier.
Le recours à la théorie
Or, les tests utilisés sont, en eux-mêmes, a-théo -riques. Le bilan psychologique est un ensemble qui se construit peu à peu à partir d’un faisceau de données interprétées à un double niveau : le pre-mier s’articule aux caractéristiques de chaque épreuve, en référence aux conceptions et aux