Les femmes enceintes souffrant de dépression et d’anxiété font face à un sérieux dilemme : poursuivre la prise d’un médicament qui contrôle efficacement leur maladie ou cesser de le prendre pour protéger le bébé?
LES TROUBLES DE L’HUMEUR PENDANT LA GROSSESSE : TRAITER OU NE PAS TRAITER?
Les femmes enceintes souffrant de dépression et d’anxiété font face à un sérieuxdifficiles à identifier tôt, mais peuvent présenter dilemme : poursuivre la prise d’un médicament qui contrôle efficacement leurdes conséquences considérables sur le dévelop maladie ou cesser de le prendre pour protéger le bébé?»pement au cours des années.Pour compli quer les choses davantage, on ne sait pas avec a recherche menée ces dernières annéespulation, comparativement au risque initialcertitude si les anomalies observées chez les traLiter l’anxiété et la dépression, appelés inhiLe Dr Tim Oberlander, duChild & Familyla maladie qu’ils servent à traiter. laisse entendre que la prise des médicad’anomalies congénitales, qui est de 2 à 3 % pourenfants dont la mère a pris des ISRS pendant ments communément prescrits pourl’ensemble des grossesses. »la grossesse sont dues aux médicaments ou à biteurs spécifiques du recaptage de la séroResearch Instituteet duCentre for CommunityD’importants travaux de recherche sur le su tonine ou ISRS, pendant la grossesse peutChild Health Research, à Vancouver, qui ne faijet sont en cours, mais Sura Alwan juge que accroître chez le bébé les risques de malsait pas partie de cette recherche, considèrependant ce temps,« ilimporte que les décisions formations cardiaques, de problèmes pulmoces résultats encourageants, car ils confirmentquant au traitement des femmes enceintes souf naires et de signes temporaires de sevrageles constats d’autres études récentes : la prisefrant de dépression se prennent au cas par cas. telles l’irritabilité et l’agitation. Beaucoup ded’ISRS pendant la grossesse ne semble pasIl faut consulter la malade et son médecin ou psy femmes tendent instinctivement à interromaccroître le risque d’anomalies structurelleschiatre traitant et tenir compte de toutes les con pre la pharmacothérapie pour protéger leurgraves à la naissance chez le nouveauné.clusions d’études ainsi que de l’état spécifique de bébé à tout prix, aux dépens de leur propreIl se garde toutefois de considérer le doschaque mère, notamment la gravité de la dépres santé. Or, cette décision n’est pas toujours lasier clos.sion, l’expérience relative à d’autres formes de traicrois que les effets de ces médica« Je meilleure ni pour la mère ni pour l’enfant.tement (différents médicaments, psychothérapie)ments ne sont peutêtre pas liés à des anomalies Sura Alwan, étudiante au doctorat à l’unitéstructurelles,estimetil.Ils seraient plutôt suset d’autres facteurs de risque comme les anté de recherche en génétique médicale duceptibles de générer des changements micédents familiaux d’anomalies congénitales. » Children’s and Women’s Hospital, à Vancouver, acroscopiques ou encore d’altérer les modèles fait partie d’une équipe de chercheurs quineurochimiques du cerveau. De tels effets sontPAR ALISON PALKHIVALA s’est penchée sur les avantages et les incon vénients de la prise d’ISRS durant la grossesse. « LesISRS sont parmi les médicaments les plus « Il importe que les décisions quant au traitement couramment prescrits en Amérique du Nord, faitelle observer,et leur utilisation est montéedes femmes enceintes souffrant de dépression en flèche ces dernières années, surtout chez les se prennent au cas par cas. » femmes en âge de procréer. » Dans le cadre de leur étude nationale sur la prévention des anomalies congénitales, Sura Alwan et ses collègues ont recueilli des données sur 9622 bébés nés avec de graves anomalies et sur 4092 bébés nés en santé, dans les mêmes régions géographiques. Ils ont téléphoné aux mères pour savoir si elles avaient pris des ISRS pendant leur grossesse et, si tel était le cas, pendant quelles périodes. Heureusement, aucun lien n’a pu être établi entre la prise d’ISRS pendant la grossesse et la présence d’anomalies physiques graves à la naissance. « Nos résultats n’ont ni confirmé le lien avec les malformations cardiaques découvert auparavant, ni décelé d’association avec la plu part des anomalies congénitales que nous avons étudiées,explique Sura Alwan.Nous avons cependant observé un lien avec certaines ano malies congénitales rares et l’exposition aux ISRS tôt durant la grossesse, mais l’augmentation ab solue du risque serait minime au sein de la po
Réf. : Alwan S, Reefhuis J, Rasmussen SA, Olney RS, Friedman JM. Use of selective serotoninreuptake inhibitors in pregnancy and the risk of birth defects.New England Journal of Medicine2007;356(26):26842692.
VOLUME 7, N2DÉCEMBRE 2008 O
BULLETIN DU CENTRE D’EXCELLENCE POUR LE DÉVELOPPEMENT DES JEUNES ENFANTS PAGE 7