Ce rapport d'étape présente la synthèse des travaux menés par la Commission présidée par Olivier Fouquet. La Commission estime nécessaire une réforme de la taxe professionnelle et ce, sur la base de plusieurs constatations : effets néfastes du régime actuel de la taxe professionnelle dans la vie des entreprises, manque de lisibilité de cet impôt pour les collectivités bénéficiaires, impact sur les coûts de production ou dans le processus de choix de la localisation des investissements, complexité, lourdeur de gestion, impact négatif sur la compétition internationale... Dans le cadre de la mission qui lui a été confiée, la Commission réfléchit à différentes simulations, entre suppression, aménagement et remplacement de la taxe professionnelle. Dans l'hypothèse où une imposition locale des entreprises serait recréée, la Commission étudie trois questions : faut-il reconstituer sous cette forme l'intégralité du montant que représentait la taxe professionnelle ? qui doit en bénéficier ? qui doit s'en acquitter ?
Paternité, pas d'utilisation commerciale, partage des conditions initiales à l'identique
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
2 Mo
Extrait
COMMISSION DE REFORME DE LA TAXE PROFESSIONNELLE
RAPPORT AU PREMIER MINISTRE
Présenté par M. Olivier FOUQUET, président de la commission
Rapporteurs :
Christophe BONNARD, rapporteur général Yohann BENARD, rapporteur Thierry SUQUET, rapporteur
8 juillet 2004
Commission de réforme de la taxe professionnelle
INTRODUCTION
Rapport détape
Le Président de la République a exprimé, lors de ses vœux aux forces vives le 6 janvier 2004, son souhait dengager le remplacement de la taxe professionnelle par un nouveau dispositif qui ne pénalise pas lindustrie et, dans lattente de ce remplacement, dinscrire dans la loi une franchise de taxe (sous la forme dun dégrèvement) sur les investissements réalisés entre le 1erjanvier 2004 et le 30 juin 2005.
Le Premier ministre a installé le 26 février 2004 la commission chargée de réfléchir à cette substitution (cf. annexe I) avec un objectif – trouver un impôt plus juste et plus efficace économiquement – et quatre conditions à respecter :
•préserver lautonomie financière des collectivités territoriales ;
•maintenir un lien avec lactivité économique des territoires ;
pas opérer de transfert de charges vers les ménages ;ne •
•faciliter le développement de lintercommunalité.
La commission sest réunie huit fois depuis cette date et a procédé à vingt-quatre auditions (cf. annexe II). Conformément à la demande exprimée par le Premier ministre, la commission remet aujourdhui un rapport détape, opérant la synthèse des travaux quelle a menés depuis son installation. Ce texte, débattu au cours de la séance du 7 juillet 2004, est complété par quinze fiches thématiques, dont la liste figure en annexe III.
Le diagnostic porté sur la taxe professionnelle nest pas nouveau : son poids est important et est concentré sur un faible nombre dentreprises ; elle pénalise linvestissement et en particulier les secteurs à forte intensité capitalistique ; sans équivalent à létranger, elle handicape notre pays dans le compétition internationale et constitue un élément défavorable à lattractivité du territoire. Le dynamisme de cette ressource des collectivités territoriales na pu être préservé quau prix dune prise en charge croissante de son coût par lEtat.
La commission a cependant souhaité dépasser le stade du constat et présenter ses pistes de travail jusquà la remise de son rapport définitif, à lautomne. En particulier, la commission a dressé la liste des travaux de simulation à réaliser – relativement lourds – qui doivent permettre dalimenter les débats de la commission et déclairer les choix du Gouvernement.
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Commission de réforme de la taxe professionnelle
Rapport détape
I. UN POIDS IMPORTANT, CONCENTRE SUR UN FAIBLE NOMBRE DENTREPRISES ET TRANSFERE PROGRESSIVEMENT SUR LETAT
A. La taxe professionnelle en 2003
1. Un circuit de financement qui met en jeu trois acteurs
a) les redevables
La taxe professionnelle est due chaque année par les personnes physiques ou morales qui exercent en France, à titre habituel, une activité professionnelle non salariée. Cette définition, très large, rend redevables 3,6 millions de personnes physiques ou morales, si ce nétait le jeu des exonérations, qui réduit ce nombre à 2,7 millions.
En 2003, le montant brut du prélèvement pour les entreprises sest élevé à 29 393 M, pour un coût net – après déduction des dégrèvements et notamment du plafonnement en fonction de la valeur ajoutée – de 22 027 M. La cotisation de taxe professionnelle est déductible de lassiette de limpôt sur les bénéfices. On estime limpact de cette règle à 5 800 M, ce qui ramène le coût de la taxe professionnelle pour les entreprises à 16 700 Menviron pour lannée 20031.
b) les bénéficiaires
La taxe est établie dans chaque commune où le redevable dispose de locaux et de terrains. Elle est perçue par les communes et leurs établissements publics de coopération intercommunale2, les départements et les régions.
Avec un produit voté de 23 393 M2003, la taxe professionnelle constitue la en principale imposition locale à la charge des entreprises et une ressource essentielle pour les collectivités territoriales. Elle représente en effet entre 13,5% et 16,5% de leurs ressources et contribue pour plus de 30% à leur autonomie financière. Les chambres de commerce et dindustrie, les chambres de métiers et certains établissements publics fonciers locaux se financent également en partie grâce au produit de taxes additionnelles à la taxe professionnelle, pour un montant total de 1 280 Men 2003.
c) lEtat, premier contribuable local
Enfin, lEtat perçoit le produit de la cotisation minimale assise sur la valeur ajoutée, de la cotisation nationale de péréquation, ainsi que des frais de gestion, de dégrèvement et dadmission en non valeur (4 405 M). LEtat nen est pas moins le premier contribuable local, en raison de la prise en charge des dégrèvements (7 366 Men 2003) et de compensations quasiment totalement intégrées à la dotation globale de fonctionnement depuis cette année (10 822 M en 2003). Ces circuits de financement, relativement complexes, sont schématisés à la page suivante3.
1Après correction dun report de 500 Mde dégrèvements de 2002 sur 2003 : cf. fiche n°4 de lannexe III pour le détail du calcul. 2Les EPCI perçoivent soit une part de taxe professionnelle venant sajouter à celles des collectivités territoriales, soit la taxe professionnelle unique (TPU), en lieu et place des communes membres. 3Cf. également la fiche n°4de lannexe III. Ce coût ne comprend pas le montant des cotisations acquittées par les entreprises publiques. Sur le périmètre des entreprises contrôlées majoritairement par lEtat et payant plus de 5 Mprise en compte du taux de participation de lEtat dans ces taxe professionnelle, ce montant (après de entreprises) est évalué à 3,0 Mden 2003.
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Cotisation minimale
1 676
Dégrèvements : 7 366
Frais dassiette et de recouvrement
1 140
4 405
ETAT
Coût net : 2 961
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CHIFFRES CLEFS RELATIFS A LA TP EN 2003 (montants exprimés en M)
Frais de dégrèvement et dANV 1 027
p.m. Compensations intégrées en 2004 dans la DGF 10 822
ENTREPRISES Coût brut : 29 393 Coût net : 22 027
Part de la CNP versée à lEtat 562
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Part de la CNP versée aux CL
315
Produits versés aux collectivités locales
23 708
23 393
Recettes des collectivités locales
23 708
Taxes additionnelles
1 280
Recettes desCCI, CM et EPFL
1 280
2. Une assiette multiple, principalement assise sur la valeur ajoutée
a) lassiette traditionnelle est principalement assise sur le coût historique des biens mobiliers
La complexité de la taxe professionnelle se retrouve dans ses règles dassiette. Cet impôt présente en effet loriginalité de faire coexister plusieurs bases dimposition : la valeur locative des biens passibles dune taxe foncière (VLF), la valeur locative des équipements et biens mobiliers (EBM) et une fraction des recettes. Les trois bases dimposition VLF, EBM et recettes peuvent dailleurs se cumuler selon une combinatoire complexe, entraînant parfois des effets de seuil significatifs4.
Commerciale, industrielle, artisanale Non commerciale ou dagent daffaires / intermédiaire de commerce
IR IR IR IS IS
Oui Non Non
Non Oui Non Oui Non Oui
VLF seule VLF + EBM VLF + recettes VLF seule VLF + EBM VLF seule VLF + EBM
Avec la suppression progressive, entre 1999 et 2003, de la composante salariale de lassiette de la taxe professionnelle, la valeur locative des équipements et biens mobiliers a augmenté pour représenter désormais 79% des bases brutes totales de taxe professionnelle. Les immobilisations représentent quant à elles 17% de la base brute et les recettes 4%.
100%
80%
60%
40%
20%
Part des différentes composantes des bases brutes
0% 1998 1999 2000 2001 2002
2003
Part des salaires Part des recettes VL des immeubles VL des EBM
b) plus de la moitié des cotisations nettes sont assises sur la valeur ajoutée
Trois mécanismes correctifs doivent toutefois être pris en compte pour apprécier la nature réelle de la base dimposition à la taxe professionnelle. Il sagit de la cotisation minimum5, dune part, de la cotisation minimale6et du plafonnement7en fonction de la valeur ajoutée, dautre part. 4Cf., en annexe IV, lenquête réalisée par le Conseil supérieur de lOrdre des experts comptables. 5La cotisation minimum est due par tous les contribuables, à lexception de ceux bénéficiant dune exonération et des assujettis au seul droit fixe de la taxe pour frais de chambre de métiers. La base minimum de taxe professionnelle est déterminée à partir de la taxe dhabitation théorique de lannée précédente dun logement de référence retenu par le conseil municipal après avis de la commission des impôts directs (cf. fiche n°3 de lannexe III).
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Lassiette valeur ajoutée concerne en effet 5,5% des redevables en 2003 mais plus de la moitié de la taxe professionnelle nette acquittée8. Les entreprises bénéficiant dun régime simplifié (base minimum, recettes ou VLF exclusivement) représentent plus des 2/3 des redevables.
(1) (2) Contribua basedunblloecsalimdeporésféésresnucrelachboaissiepmarinliamcoummum010en8)s%0u,(3l3a0r002%1,,3 Contribuables imposés sur leursrecettes (titulaires de bénéfices non commerciaux employant moins de 470 000 17,6% 1,1 4,7% cinq salariés) Contribuables imposés sur les seulesvaleurs laortciastainvsesdfoonntcilèerecsriseetsifnréeihiffredaffatcntmeomanrçetsssnee(elemitle%,0210,0%0,0200535àru 152 500) Contribuables soumis à lacotisation minimale (entreprises dont le CA est supérieur à 7,6 M 0,6% 700 14 la et 13,7% 3,1 TP inférieure à 1,5 % de leur VA) % de lCeuorntVribAuablesplafonnés 130 000 4,9% 8,7 à3,5 %, 3,8 % ou 4 38,4% Autres contribuables sur lensemble de (imposés leurs immobilisations et ni plafonnés, ni soumis à la 710 000 26,6% 9,2 40,9% cotisation minimale) Total 2 670 000 100,0% 22,5 100,0% Source : DGI/M2 (1) Ensemble des redevables à la taxe professionnelle, dont certaines associations, les établissements publics industriels et commerciaux, les loueurs en meublé, etc. (2) Il sagit de la taxe professionnelle à la charge de lentreprise, hors frais de gestion et impositions additionnelles, diminuées des dégrèvements – dont le plafonnement en fonction de la valeur ajoutée – et majorée du supplément au titre de la cotisation minimale.
3. Un impôt complexe à gérer
a) pour les entreprises
La coexistence de ces six assiettes et la multiplication des règles particulières dexonération (cf. fiche n°2 de lannexe III), dabattement (ou de répartition) des bases dimposition et de réduction de cotisations (cf. fiche n°3) rendent la taxe professionnelle peu lisibles pour le redevable. Sont en particulier sources de complication :
•le dépôt dune déclaration dans chaque commune où le redevable dispose dun ou de plusieurs établissements et la réception dautant davis dimposition ;
•montant de son imposition au moment du dépôt de la déclarationlimpossibilité de connaître le annuelle, les taux votés par les collectivités bénéficiaires nétant pas connus à cette date, question dautant plus problématique pour les entreprises établies dans plusieurs communes ;
•le mécanisme du plafonnement en fonction de la valeur ajoutée, traité lannée suivant celle de limposition par voie de réclamation contentieuse (150 000 réclamations par an en moyenne).
6la taxe professionnelle dont le chiffre daffaires est supérieur à 7,6 M entreprises redevables de Les HT doivent sacquitter dun supplément dimposition lorsque leur cotisation est inférieure à 1,5% de la valeur ajoutée. Cette cotisation complémentaire, autoliquidée, est un impôt dEtat. 7Un dégrèvement peut être obtenu par lentreprise lorsque sa cotisation est supérieure à 3,5%, 3,8% ou 4,0% de sa valeur ajoutée, le plafond applicable dépendant de son chiffre daffaires (cf. fiche n°3 de lannexe III). 8Sous réserve de leffet du gel des taux à lannée 1995 et du plafonnement du dégrèvement, qui réintroduisent une assiette « traditionnelle » pour des entreprises bénéficiant du plafonnement.
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Le nombre de déclarations et davis dimposition à suivre, ainsi que la nécessité de connaître le coût historique des biens dont le redevable a lusage mais dont un tiers est propriétaire (mise à disposition, crédit-bail), entraînent la mise en place de moyens humains et informatiques spécifiques dans les grandes entreprises. Sagissant des PME, les experts comptables9soulignent que les difficultés rencontrées avec ladministration sont essentiellement dues à la complexité des règles de limpôt et notamment des opérations de recensement des biens taxables mentionnées ci-dessus (mise à disposition, biens pris en location ou en crédit-bail).
b) pour les administrations financières
A ces coûts, pour lesquels aucune estimation nest disponible, sajoutent les coûts de gestion de la taxe professionnelle par les administrations financières (304 M en 2002, soit un taux dintervention de 1,20%, légèrement inférieur à la moyenne10). Le calendrier dune campagne de taxe professionnelle (cf. fiche n°15 de lannexe III) met en évidence certaines contraintes de gestion pour les services :
la nécessité dune saisie des déclarations des redevables dans des délais contraints, notamment en • ce qui concerne les principaux établissements de la commune, afin de pouvoir communiquer des informations provisoires aux collectivités dès le mois de novembre de lannée précédant lannée dimposition et, en février de lannée dimposition, leurs bases dimposition définitives ;
•lexistence dudécalage de deux ansles bases déclarées et le paiement de limpôt, qui entre sexplique par la volonté de mettre les collectivités en capacité de voter des taux sur une base dimposition connue et garantie par lEtat11;
•des difficultés liées à laprise en compte tardive des créations, transferts ou cessations dactivité, qui se traduisent par lémission de rôles supplémentaires ou le prononcé de dégrèvements doffice.
On peut enfin citer la complexité, qui nest pas propre à la taxe professionnelle et ne se traduit pas par une déclaration annuelle, liée à la détermination desvaleurs locatives biens des passibles dune taxe foncière, dont les modalités sont brièvement rappelées dans le tableau ci-dessous.
des taxes foncières (cas général) PropriétésnonbâtiesdVealceuulrtulroecaettidveepétraobplriieéteénraisondurevenuprocuré,telquilrésultedestarifsfixés par nature Comparaison la valeur locative de locaux de référence choisis dans la commune pour avec Locaux dhabitation et à chaque nature et catégorie de locaux. Le tarif est appliqué à la surface pondérée du local de usage professionnel référence (surface réelle corrigée de la nature des différentes parties du local, de sa situation, de son importance, de son état et de son équipement). Pour les biens donnés en location en 1970 à des conditions de prix normales : valeur ressortant Locaux commerciaux et de lalocation; pour les autres bien, utilisation de la méthode parcomparaison avec des biens divers immeubles similaires présentant du point de vue économique une situation analogue. A défaut, la valeur locative est déterminée par appréciation directe. Méthodecomptable: application dun taux dintérêt (8% pour les terrains et les sols, 12% pour Etablissements industriels les constructions et installations soumises à la TFPB) au prix de revient des différents éléments constitutifs de limmobilisation , revalorisés
Limposition des équipements et biens mobiliers (EBM) en proportion de leurvaleur bruteau bilan est en revanche une spécificité de la taxe professionnelle, selon des modalités là encore relativement complexes et dont les auditions devant la commission ont montré quelles étaient loccasion doptimisations fiscales. 9443 questionnaires portant sur la taxe professionnelle ont été exploités en juin 2004 par le Conseil supérieur de lOrdre des experts-comptables (cf. annexe IV). 10Cf. fiche n°15 de lannexe III. 11Les dégrèvements et les admissions en non valeur restent à la charge de lEtat.
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EBM Appartenant au redevable ou faisant lobjet dun contrat Inférieure à 30 ans de crédit-bail Prix de revient x 16% EBMdontleredevableestlocataireLoyréefrédreûnacue,csouilrsesdtenloarpméarilo(d*e)de Supérieure ou égale à Acquis ou créés avant le 1er de revient x 9% Prixjanvier 1976 30 ans Acquis ou créés à compter du 1er de revient x 8% Prixjanvier 1976 NB : le prix de revient est le prix réel dachat augmenté des frais accessoires et du coût réel de production (*) Un loyer normal est compris dans une fourchette de 20% autour du prix de revient x 16%
B. Depuis 1976, la forte augmentation du produit de la taxe professionnelle et une prise en charge croissante par lEtat ont fourni des ressources abondantes aux collectivités territoriales
1. Un prélèvement lourd et concentré sur un nombre réduit dentreprises
a) le produit de la taxe professionnelle a connu une évolution beaucoup plus dynamique que le PIB
Le poids de la taxe professionnelle a augmenté de façon constante et régulière depuis sa création. Son produit, qui représentait 1,1% du PIB en 1976, a évolué près de deux fois plus vite que le PIB, et atteint 2,0% vingt ans. En 2003, il reste, malgré la suppression de la part salariale de lassiette dimposition, égal à 1,8% du PIB.
Poids global des IDL (en M 1990 1995 2000 2003 1975 1980 1985) 1970 Taxe professionnelle (TP, en M 717 27 300 28 607 24 702 15 924 11 336 6 546 2) 1 118 Impôts directs locaux (IDL, en M 665 49 761 59 139 63 4 885 12 186 24 648 33 865) 2 247 Impôt sur les sociétés (IS, en M 46 066 22 998 48 305 9 360 4 436 25 390 13 351 668) 2 Produit intérieur brut (PIB, en Md 557,2 1 009,3 1 439,4 727,4 1 420,1 1 181,8 223,8) 121,0 TP/Total IDL 49,8% 52,1% 52,0% 48,4% 46,4% 49,5% 47,4% 43,9% Total IDL/PIB 1,9% 2,2% 2,8% 3,4% 3,4% 4,2% 4,2% 4,1% TP/PIB 0,9% 1,1% 1,4% 1,6% 1,6% 2,1% 2,0% 1,8% TP/IS 41,9% 57,4% 67,7% 89,3% 61,8% 107,0% 61,4% 57,4% IS/PIB 2,2% 2,0% 2,1% 1,8% 2,5% 1,9% 3,2% 3,1% NB : - Dans le tableau, la ligne TP fait indifféremment référence à la patente et à la taxe professionnelle - Elle est la somme des rôles généraux émis et comprend les taxes additionnelles, la cotisation nationale de péréquation et les frais prélevés au profit de lEtat (source : états 1913) - lIS est lIS brut (y compris les recouvrements sur rôles après 1998), seule série disponible sur toute la période couverte. Lutilisation de lIS net ne modifie pas les évolutions dans le temps, même si les niveaux atteint par les indicateurs (70,6% pour le ratio TP/IS et 2,5% pour le ratio IS/PIB) diffèrent. Source : DGI/M2 (sauf PIB : source INSEE)
Le produit de la taxe professionnelle (hors cotisation minimale et plafonnement à la valeur ajoutée) névolue pas de manière plus dynamique que les autres impôts directs locaux : sa part dans le total a même décrû, passant de 52,1% en 1975 à 43,9% en 2003. Cependant, la taxe professionnelle a accompagné le mouvement de hausse densemble des impôts directs locaux, passés de 2,2% du PIB en 1975 à 4,1% du PIB en 2003.
Deux effets se sont conjugués, déjà largement commentés par les études précédentes sur la taxe professionnelle12: un effet base, lié à laugmentation des salaires et à la prise en compte des investissements à leur coût historique, et un effet lié à laugmentation des taux, votés par les collectivités locales depuis 1981. Ainsi, dans les 15 années qui ont précédé la suppression de la part salariale (1983-1998), alors que le PIB était multiplié par 2,13, les bases nettes de taxe professionnelle
12On signalera notamment le 15èmerapport du Conseil des impôts (1997), consacré à la taxe professionnelle, et louvrage de M. Mirko Hayat, « Taxe professionnelle. Naissance et transformation dun impôt à travers 25 ans de réformes », Economica (2003).
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étaient multipliées par 2,38 et le produit par 3,02. Sur cette période, le coefficient daugmentation des bases est donc de 1,12. Celui relatif aux taux est encore plus élevé, puisquil atteint 1,27, ce qui signifie quen moyenne, les taux de taxe professionnelle ont progressé de plus du quart en quinze ans.
b) les réformes successives ont tendu à réduire le périmètre et le poids de limpôt pour les entreprises
Depuis sa création en 1975, la taxe professionnelle a fait lobjet de critiques récurrentes, portant sur la lourdeur et les effets économiques néfastes de ce prélèvement. Trois évolutions marquantes sont venues corriger le dispositif initial, sans correspondre toutefois à une réforme densemble :
•divers allégements ou exonérations ;
Des corrections de portée générale ont été apportées aux bases, ainsi quaux modalités de calcul de limposition. Il sagit principalement, dune part, delécrêtement des bases et de lallègement transitoire, mis en place en 1976 et 1977 pour amortir limpact du nouvel impôt, et de labattement général à la base de 16%, qui a remplacé en 1987 le dégrèvement de 10% instauré deux ans plus tôt.
Dautre part, desmesures dexonération et détalementont été adoptées, en faveur des établissements en difficulté (dès 1978), nouvellement créés ou étendus (en 1980), des entreprises nouvelles (1983, mesure reconduite) ou des jeunes entreprises innovantes (en 2004). La réduction pour embauche et investissement, créée en 1987 sur la base dun premier dispositif qui datait de 1982, a été supprimée par la LFI pour 1998.
Enfin, de nombreusesmesures plus ciblées, en faveur de certains secteurs économiques ou catégories de contribuables, sont venues compléter ou sajouter aux exonérations héritées du régime de la patente.mesures ont essentiellement bénéficié au secteur culturel, auxCes médias, à lagriculture, à la pêche, aux transports, aux professions médicales ainsi quà certaines activités non lucratives (syndicats professionnels, sociétés mutualistes, enseignement, recherche, associations) ou encore à certains investissements lourds ou dintérêt environnemental.
•lencadrement des cotisations dans le « tunnel » valeur ajoutée ;
Le principe dune prise en compte de la valeur ajoutée dans le calcul de la taxe professionnelle remonte à la loi n°79-15 du 3 janvier 1979, qui disposait que la taxe professionnelle acquittée par une entreprise ne pourrait excéder un pourcentage de sa valeur ajoutée. Plus ambitieuse, la loi du 10 janvier 1980 envisageait même de substituer intégralement cette assiette aux bases existantes. Toutefois, cette réforme, qui ne devrait entrer en vigueur quaprès des simulations approfondies, allait finalement être abandonnée, au profit daménagements en profondeur de lassiette existante.
Initialement fixé à 8%, le plafond créé en 1979 fut réduit à plusieurs reprises, pour atteindre 3,5% en 1991. La loi de finances initiale pour 1995 a introduit une dose de progressivité, le relevant à 3,8% et 4% au-delà de certains seuils de chiffre daffaires. Intégralement compensé par lEtat, ce dégrèvement a eu un effet anesthésiant sur les redevables, devenus insensibles aux augmentations de taux décidées par les collectivités territoriales. Confronté à une très forte progression de la compensation mise à la charge du contribuable national, dont le coût avait décuplé en valeur entre 1988 et 1995, le législateur a, par la loi de finances pour 1996, apportédeux corrections ce à dispositif :
-il a prévu que le calcul du dégrèvement serait dorénavant effectué sur la base du taux en vigueur en 1995, faisant ainsi supporter aux entreprises, et non plus à lEtat, les hausses de taux décidées par les collectivités territoriales ;
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-assortissant ce plafond dun plancher, il a institué une cotisation minimale pour les grandes entreprises, également calculée en fonction de la valeur ajoutée de lentreprise et dont le taux, initialement fixé à 0,35%, a été relevé progressivement pour compenser en partie les effets, sur lEtat, de la suppression de la part salariale de la taxe, jusquà atteindre 1,5% à compter de 2001.
Conçu au départ comme un palliatif dans lattente dune réforme, cet encadrement de la taxe a progressivement débouché sur lacréation dune assiette autonome, dont limportance na cessé de croître pour atteindre en 2003 près de 52% du produit de la taxe professionnelle nette13.
•la suppression de la part salariale.
La hausse régulière du chômage, dès les premières années qui ont suivi linstauration de la taxe professionnelle, a suscité plusieurs mesures destinées à limiter son effet désincitatif sur lemploi. Cette préoccupation avait déjà été à lorigine, en 1982, de la réduction du coefficient de pondération de la masse salariale, ramené de 20% à 18% et, en 1987, de lextension aux embauches de la réduction pour investissement créée cinq ans plus tôt.
Mais cest à une réforme dune tout autre ampleur que sest livrée la loi de finances pour 1999, qui a prévu ladisparition progressive de la part salariale dans lassiette de la taxe professionnelle. Cette mesure, mise en œuvrede 1999 à 2003, a limité laugmentation du coût de la taxe professionnelle. Ce dernier aurait en effet été supérieur de 33% au niveau réellement atteint en 2003 (cf. infra p. 13). En revanche, elle sest avérée coûteuse pour lEtat, qui en assume la compensation (cf. infra p. 18). Expurgée de sa part salariale, la taxe professionnelle nen continue pas moins de grever partiellement et indirectement les salaires, qui constituent une part prépondérante de lassiette valeur ajoutée.
c) des mesures qui ont accru la concentration de limpôt
Les effets conjugués de la croissance du produit de la taxe professionnelle, des exonérations et des allégements dimposition ont abouti à uneforte concentration de limposition. •leffet des exonérations catégorielles et territoriales14;
Le champ dapplication de la taxe professionnelle, théoriquement très large (3,6 millions de redevables) se trouve amputé denviron 1 million de redevables, dont 622 000 exploitations ou organismes agricoles, 195 000 artisans, 190 000 loueurs en meublé. Le montant des exonérations catégorielles est évalué à 6,7 Mden bases, dont 5,3 Mdpour le seul secteur agricole, soit 5,8% des bases brutes nationales. En appliquant les taux moyens dimposition nationaux, ceci représenterait léquivalent de 1,5 Mdde cotisations.
Agriculture 622 000 5 300 Artisans 195 000 250 Loueurs meublés 190 000 550 Artistes et sportifs 46 000 90 Secteur public 18 300 Nd Pêcheurs 7 400 20 Enseignement 4 000 50 Presse 3 400 260 Source : DGI/M2 NB : seuls certains artisans sont exonérés : cf. fiche n°2 de lannexe III 13si lon exclut les 1,2 MdCe taux sétablit à 47,1% de taxe professionnelle payés au-delà du plafond théorique en raison du gel des taux à leur niveau de lannée 1995. 14 Cf.fiche n°2de lannexe III.