Charles Baudelaire Les Fleurs du mal SPLEEN ET IDÉAL Le Poison
XLIX
LE POISON
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Le vin sait revêtir le plus sordide bouge D’unluxe miraculeux, Et fait surgir plus d’un portique fabuleux Dansl’or de sa vapeur rouge, Comme un soleil couchant dans un ciel nébuleux.
L’opium agrandit ce qui n’a pas de bornes, Allongel’illimité, Approfondit le temps, creuse la volupté, Etde plaisirs noirs et mornes Remplit l’âme au delà de sa capacité.
Tout cela ne vaut pas le poison qui découle Detes yeux, de tes yeux verts, Lacs où mon âme tremble et se voit à l’envers… Messonges viennent en foule Pour se désaltérer à ces gouffres amers.
Tout cela ne vaut pas le terrible prodige Deta salive qui mord, Qui plonge dans l’oubli mon âme sans remord, Et,charriant le vertige, La roule défaillante aux rives de la mort !