Ph ilo sop hiq ues 9 DOSSIER Histoire naturelle de l'homme L'ÂME, HISTOIRE D'UNE NOTION Bernard Lacorre Devant les progrès de la connaissance positive et ceux dumatérialisme, Kant voulut sauver l'âme. Il professa que l'idée d'âme est essentielle à la raison humaine qui la forme nécessairement comme celle d'une substance immatérielle, simple et pourvue d'une identité singu- lière, capable de perception. L'immatérialité jointe à la simplicité (l'incor- ruptibilité) et à l'identité (la personnalité) constitue la spiritualité de l'âme. Cette idée est proprement une Idée, c'est-à-dire, chez Kant, la représentation invariante d'une réalité intelligible qui échappe radicalement à l'expérience. Aucune connaissance positive ne pourra jamais venir à bout de rendre caduque une telle Idée, dont le matérialisme constitue la navrante et odieuse négation. Il semble bien que pour navrante (elle exclut toute espérance d'immor- talité) et odieuse (elle nous range aux bêtes) qu'elle soit, cette négation est aujourd'hui triomphante. La notion d'âme a disparu des travaux des biolo- gistes. La psychologie – l'antique science de l'âme – est devenue neuro- physiologie et l'étude des fonctions du cerveau (les neurosciences) a pris la place de celle des activités de l'âme. On peut le déplorer. Ou s'en réjouir – si l'on estime que le progrès du savoir nous a délivré d'une survivance de l'âge du fétichisme.
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