RAPPORT FRANÇAIS POUR L’OBSERVATOIRE EUROPEEN DES SANS ABRI 2004 : MIS À JOUR STATISTIQUES Par Elisabeth Maurel Novembre 2004 Table des matières 1. L’enquête INSEE de 2001 : Rappel des principaux résultats et nouvelles exploitations 1.1 L’enquête de janvier 2001 sur les usagers des services d’hébergement ou de distribution de repas chauds 1.2 Les enquêtes complémentaires 1.3 Les exploitations thématiques de l’enquête INSEE 2. La téléphonie Sociale d’Urgence La connaissance statistique des sans-abri se heurte à de nombreux obstacles, dont les principaux tiennent à l’imprécision des catégories retenues, à l’hétérogénéité des sources d’information, à l’incertaine fiabilité des données issues d’organismes gestionnaires de services. Depuis deux ans, un effort important a été fait pour améliorer cette connaissance. 1L’INSEE a réalisé une importante enquête sur échantillon qui fait aujourd’hui référence, et continue de donner lieu à des exploitations secondaires sur différents thèmes. Par ailleurs, suite à la mise en place systématique dans tous les départements d’un service de téléphonie sociale d’urgence destiné aux sans abri, un observatoire national de l’activité de ce numéro d’urgence est chargé d’en suivre l’activité. Notre contribution à la mise à jour statistique sur le sans abrisme s’appuiera sur ces deux sources qui, bien que de nature ...
RAPPORT FRANÇAIS POUR LOBSERVATOIRE EUROPEEN DES SANS ABRI 2004 : MIS À JOUR STATISTIQUES Par Elisabeth Maurel Novembre 2004
Table des matières 1. Lenquête INSEE de 2001 : Rappel des principaux résultats et nouvelles exploitations 1.1 Lenquête de janvier 2001 sur les usagers des services dhébergement ou de distribution de repas chauds 1.2 Les enquêtes complémentaires 1.3 Les exploitations thématiques de lenquête INSEE
2. La téléphonie Sociale dUrgence
La connaissance statistique des sans-abri se heurte à de nombreux obstacles, dont les principaux tiennent à limprécision des catégories retenues, à lhétérogénéité des sources dinformation, à lincertaine fiabilité des données issues dorganismes gestionnaires de services. Depuis deux ans, un effort important a été fait pour améliorer cette connaissance. LINSEE 1 a réalisé une importante enquête sur échantillon qui fait aujourdhui référence, et continue de donner lieu à des exploitations secondaires sur différents thèmes. Par ailleurs, suite à la mise en place systématique dans tous les départements dun service de téléphonie sociale durgence destiné aux sans abri, un observatoire national de lactivité de ce numéro durgence est chargé den suivre lactivité. Notre contribution à la mise à jour statistique sur le sans abrisme sappuiera sur ces deux sources qui, bien que de nature très différente, permettent aujourdhui de produire des informations à destination des professionnels et des pouvoirs publics. 1. Lenquête INSEE de 2001 : Rappel des principaux résultats et nouvelles exploitations 1.1 Lenquête de janvier 2001 sur les usagers des services dhébergement ou de distribution de repas chauds La privation de domicile était un phénomène social mal connu jusque dans les années 90. Après les premières enquêtes menées en 1995 par lInstitut National dEtudes démographiques, un groupe de travail a été mis en place par le Conseil National de 1 Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques
lInformation Statistique (CNIS), qui a préconisé la réalisation dune enquête nationale destinée à quantifier et à caractériser les personnes dites « sans domicile fixe ». Cette enquête a été réalisée en janvier 2001 par lInstitut National de la Statistique et des Etudes Economiques (INSEE). Elle fait aujourdhui référence sur la question et donne lieu à diverses exploitations thématiques. Lenquête sest déroulée du 15 janvier au 15 février 2001 auprès dun échantillon de 4084 usagers des services dhébergement ou de distribution de repas chauds dans les agglomérations de plus de 20 000 habitants. Nous en avons rendu compte dans les deux précédents rapports 2 et nous nous proposons den rappeler rapidement les principaux résultats, puis den présenter les plus récentes exploitations thématiques. La notion utilisée dans cette enquête est celle de « sans domicile fixe », plus large que celle de « sans abri ». Elle inclut les personnes qui vont dun hébergement à un autre, sans forcément faire lexpérience de la rue. La définition opératoire retenue a été la suivante : toute personne dormant dans un lieu non prévu pour lhabitation ou prise en charge par un organisme fournissant un hébergement gratuit ou à faible participation financière. Les lieux non prévus pour lhabitation sont de différents types : espaces publics, rue, jardins, métro, gares, aéroports, ruines, cabanes, grottes, entrepôts, usines, voiture, train, caves, parkings, etc Cela exclut les habitations dites de fortune (constructions provisoires, baraques de chantier, caravanes) qui relèvent du mal logement et non du sans abrisme. Les hébergements gratuits ou à faible participation sont les centres dhébergement durgence (CHU), les centres dhébergement et de réinsertion sociale (CHRS, hébergement de longue durée), les centres maternels (accueil de femmes enceintes et 2 Rapport Français pour lObservatoire Européen des sans abri- Septembre 2002 et septembre 2003-Elisabeth Maurel Grefoss IEP de Grenoble
4
femmes avec enfants de moins de 3 ans), les hôtels sociaux, les résidences sociales, les centres daccueil pour demandeurs dasile et pour réfugiés politiques (CADA et CPH), les chambres dhôtels louées par des associations ou des organismes publics. Mais sont exclues de lenquête les personnes hébergées par des tiers (famille ou amis), les foyers-logements (foyers de jeunes travailleurs, foyers de travailleurs migrants), et les personnes en hôtel payant. Les résultats de lenquête ont conduit à estimer le nombre dadultes usagers des services dhébergement et/ou de restauration au moins une fois au cours dune semaine de janvier 2001 à 93 000 adultes (et 16 000 enfants), dont 70 000 sont sans domicile au sens défini plus haut. Parmi ces derniers, lenquête permet de distinguer trois formes de sans abrisme : - Les personnes vivant dans des lieux non prévus pour lhabitation : 10%, soit environ 7 000 personnes. - Lespersonnes hébergées dans les différentes catégories de centres : 50%, soit environ 35 000 personnes. - Les personnes hébergées gratuitement dans des logements ou chambres dhôtel gérés par des organismes sociaux (logement aidé) : 40%, soit environ 28 000 personnes.
Les usagers des services daide présentent trois caractéristiques majeures : - Ilssont plus souvent des hommes, et la sur-représentation masculine saccroît avec lâge : 2/3 dhommes en général, mais 5 fois plus dhommes que de femmes après 60 ans. - Ils sont plus jeunes que la moyenne de la population : la part des moins de 40 ans est 1,5 fois plus élevée, et celle des plus de 60 ans 5 fois moins élevée. - Lapart des étrangers est de 30%, soit 4 fois plus que dans lensemble de la population française.
5
Caractéristiques démographiques des usagers des services daide (en %)
0
38
UsagersPnnesvivanterso des dans un lieu non P ulation totale servicesop ré daidepvupourde18ansetpluslhabitation (total) Part des 18-29 ans 33 22 23 Part des plus de 50 ans 18 22 40 Part des hommes 68 93 47 Part des étrangers 29 26 8 Part des personnes vivant seules 68 88 19 Part des personnes vivant en 13 2 59 couple Part des personnes accompagnées 20 denfants Parmi les personnes sans domicile, 75% ont eu un domicile personnel et 40% lont perdu dans les 12 derniers mois. La moitié ont expérimenté des formes transitoires dhébergement avant de devenir sans domicile. Parmi les personnes disposant dun logement autonome au moment de lenquête, la moitié environ disent avoir connu lexpérience de la rue. Lenquête permet donc de mettre en évidence la continuité entre les différentes formes de privation de logement. 1.2 Les enquêtes complémentaires Lenquête de janvier 2001 portait sur les utilisateurs francophones des services dhébergement ou de distribution de repas chauds.
6
Elle a été complétée par trois autres enquêtes conduites par lINSEE ou par lINED, destinées à atteindre les personnes non touchées par la première enquête : les sans domicile non francophones, et les personnes nutilisant pas les services daide. → En ce qui concerne les non francophones, une enquête spécifique, un peu allégée, est en cours avec des enquêteurs-traducteurs. → En ce qui concerne les non-utilisateurs de services, deux approches ont été utilisées : ▪ La première est une étude qualitative dans les centres daccueil de jour (noffrant ni hébergement, ni restauration). Il apparaît que les personnes sans domicile identifiées qui nauraient utilisé aucun service et nauraient pas été décomptées dans lenquête générale sont en nombre très faible (de lordre de 3%). ▪ La deuxième approche est une enquête réalisée dans le cadre des « maraudes », ou services itinérants allant à la rencontre des personnes sans abri dans la rue, ainsi quauprès des associations offrant une domiciliation postale aux sans domicile. Une centaine de situations ont été analysées. Le rapprochement avec les résultats de lenquête INSEE montre une faible valeur ajoutée au regard des difficultés de réalisation.
7
Les résultats sont proches en ce qui concerne les profils démographiques :
22 26
Enquête INSEE Enquête INED (personnes vivant dans « aux marges de des lieux n lINSEE » on prévus pour lhabitation) Part des hommes 84 93 Part des moins de 30 17 21 ans Part des plus de 50 ans 21 Part des étrangers 36 La différence la plus sensible porte sur le nombre détrangers, plus nombreux parmi les non utilisateurs des services daide. Le manque de sécurité et dhygiène dans les centres daccueil durgence, et la préférence pour la vie dans la rue et la liberté sont les principaux motifs invoqués par les personnes pour ne pas avoir recours aux services dhébergement. On peut donc considérer que les résultats statistiques de lenquête INSEE, malgré ses limites, sont suffisamment fiables et significatifs. 1.3 Les exploitations thématiques de lenquête INSEE Au-delà des premiers résultats rappelés ci-dessus, lenquête INSEE a fait lobjet ultérieurement de diverses exploitations thématiques. Nous retiendrons trois thèmes : - Lemploi - La santé - Le recours aux institutions sociales
8
B Lemploi Parmi les sans domicile enquêtés par lINSEE, près de 90% ont eu dans le passé une expérience professionnelle (100% des plus de 50 ans), 30% ont une activité au moment de lenquête, et 36% recherchent effectivement un emploi. Les sans domicile, conclut lINED ne sont pas coupés de lemploi. ▪ Le passé professionnel concerne 9 personnes sur 10. Parmi elles, la moitié ont connu un emploi stable, mais 1 sur 3 nont connu que des situations précaires, alternant emploi, chômage et maladie. Enfin 1 sur 10 ont essentiellement connu des activités saisonnières. Au moment de lenquête, 71% se déclarent sans emploi. La moitié de ceux qui ont perdu leur emploi ont été licenciées, lautre moitié a démissionné, souvent pour raisons de santé, ou pour changement de pays (étrangers). ▪ Au moment de lenquête, 3 personnes sans domicile sur 10 travaillent. Ce sont surtout les personnes hébergées qui travaillent, mais aussi 16% des personnes à la rue. Les emplois exercés sont le plus souvent des emplois temporaires (75%), et occupés de façon récente (moins de 6 mois). Cet emploi est souvent exercé à temps partiel (32 heures en moyenne) et un quart dentre eux se situe dans une association (association dinsertion, centre qui héberge, communauté de travail). Type de contrat et nombre dheures de travail hebdomadaire selon lemployeur
Association ou centre Entreprise ou administration dhéb geme er nt Répartition Nbre dheures Répartition Nbre dheures (%) hebdomadaires (%) hebdomadaires
9
Total 100 Intérim 24 CDD (1) 18 CDI (2) 33 Contrats aidés 13 Stage rémunéré 5 Pas de contrat -Autres -(1) CDD : contrat à durée déterminée (2) CDI : contrat à durée intéterminée
32 35 35 32 25 34 --
100 ---21 -42 18
32 ---21 -36 36
▪ Au moment de lenquête, plus du tiers des sans domicile (36%) recherchent effectivement un emploi. Lancienneté dans la recherche demploi est élevée : un tiers cherchent depuis plus de 2 ans, 60% disent avoir été limités dans la recherche demploi par des contraintes financières ou matérielles (absence de papiers nécessaires, problèmes de garde denfants). Dans leur recherche demploi, les sans domicile utilisent la recherche directe auprès dun employeur aussi souvent que les autres chômeurs. Ils ont moins recours aux relations personnelles, sans doute parce que leur réseau est moins dense, voire inexistant. B La santé En 2001, 16% des sans domicile enquêtés sestiment en mauvaise santé, entre 3% de la population ayant un logement personnel. En ce qui concerne les maladies physiques, toujours plus importantes que dans la population générale, les plus fréquentes sont les maladies respiratoires, digestives et cutanées.
10
Les pathologies psychiques et neurologiques sont particulièrement marquées :
troubles du sommeil (10 fois plus que dans la population totale), et états dépressifs