Comment surmonter l’insularité Conférence de Ruth Dreifuss, Conseillère fédérale European Affairs Society, Oxford (Royaume-Uni), 11 mai 2000. Royaume-Uni, Suisse, deux pays qui s’accommodent de leur nature Certains auteurs ont voulu voir le génie anglais à sa plus haute expression dans l’art des jardins. D’autres – ou peut-être sont-ce les mêmes – ont trouvé l’expression du génie collectif helvétique dans les tunnels. Dans un cas comme dans l’autre, voici un peuple qui dompte sa nature, qui veut la parcourir, qui connaît sa beauté mais aussi sa dureté. Car il faut lutter contre le climat parfois hostile pour que le jardin à l’anglaise, ce raffinement qui va jusqu’à faire oublier qu’il est organisé, déploie ses charmes et ses chatoiements, pour que s’y acclimatent, dans la douceur inattendue de la Cournouailles ou des élégantes serres, les espèces venues de toutes les terres et de toutes les forêts. Quant aux tunnels, ils sont sans doute moins romantiques, mais ils dénotent l’âpre volonté de dominer des montagnes, de les parcourir, de chercher l’ouverture vers les plaines. Ils montrent que nous cherchons à cacher derrière une organisation méticuleuse les difficultés et les hasards de la nature. Ces deux exemples nous permettraient de gloser à l’envi sur nos différences, bien sûr : le Royaume-Uni, île verdoyante ouverte sur les océans, la Suisse au cœur de l’arc alpin, carrefour des grandes routes de l’Europe, mais aussi sur nos ...